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Yulia

L'histoire des baby hair

Dernière mise à jour : 15 oct. 2023


Joséphine Baker

Sur le devant de la scène depuis quelques temps, les baby hair sculptés au gel existent pourtant depuis les années 20. C’est Joséphine Baker qui va les importer en Europe. Venue des Etats-Unis pour la France, cette meneuse de revue iconique embarque avec elle les gestes capillaires de la population afro-américaine. Forcée de rendre ses cheveux « plus acceptables » (cf. comprendre lisses), cette dernière se voit contrainte de trouver des alternatives à une texture crépue mal perçue par le prisme ségrégationniste post-esclavagiste.


La solution alternative est alors d’enduire ses cheveux de crèmes lourdes et sculptantes afin de les rendre le plus lisses possible. L’ensemble de la chevelure est gélifié, et de longues mèches peuvent être plaquées sur le front ou les tempes. Si au départ ce geste avait été adopté pour contourner tant bien que mal la discrimination subie, il devient aussi rapidement un moyen d’ornement. Les baby hair sont alors englobés au sein de mèches plus ou moins longues pouvant être sculptées en demi-cercle, en rideaux ou, comme Joséphine Baker le faisait, en de longues vagues dont la pointe arrive parfois jusqu’aux joues.

Photographie illustrant le mouvement "Black Is Beautiful"

Les années 30 laissent place à des coiffures plus guindées, dont Aretha Franklin et Billie Holliday seront les portes étendards. Ce n’est que dans les années 60 que le mouvement des droits civiques (qui marque également le début du mouvement « Black is Beautiful »), va permettre aux afro-américain.e.s de porter fièrement leur chevelure crépue. Pourtant, c’est là que les baby hair tels qu’ils sont popularisés aujourd’hui voient le jour. Car la réalité reste celle de la discrimination à l’embauche et lors de l’obtention d’un logement. Les noir.e.s américain.es arborent donc leur afro, tout en plaquant leurs « edges » (cf. leurs coins/leurs rebords) sur le front et les tempes afin d’harmoniser leur apparence aux yeux de leurs employeurs caucasiens.


Missy Elliott et ses baby hair iconiques

Ces mouvements sociaux permettront tout de même aux personnalités afro- américaines des décennies suivantes de porter des looks plus diversifiés. Janet Jackson et Brandy populariseront ainsi les tresses, là où Missy Eliott arborera au début des années 2000 des ondulations « imitations années 20 », modernisées au possible. Le nouveau millénaire marque ainsi le renouveau des baby hair, plus fantasques, plus excentriques. C’est à ce moment-là aussi que d’autres communautés l’adaptent à leurs propres codes. Les Latinxs des Etats-Unis l’associent à la « chola culture » (cf. sous-culture issue de l’immigration des Sud-Américains vers les US, la chola culture est une manière qu’ont eu les femmes Latinas Américaines de se revaloriser face aux difficultés sociales découlant de leur statut d’immigrée).


S’ils deviennent populaires aux yeux des communautés marginalisées, le fait de plaquer ses bords reste perçu comme péjoratif par les institutions et les personnes n’en faisant pas partie. Pendant longtemps, cette finition est associée à un milieu social défavorisé, synonyme des banlieues états-uniennes. Il reste donc mal vu par le monde de la mode, jusqu’au moment où celui-ci décide de se le ré-approprier quelques décennies plus tard, sans en citer ni la provenance, ni le contexte. On peut alors se demander pourquoi ce geste est mis en une des magazines uniquement lorsque le récit n’est que partiel, et n’attribue plus sa provenance à sa source.


- Article écrit et rédigé par Yulia Huruy -


Sources

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Trop intéressant !! Merci Yulia


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