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Yulia

L'histoire de ma coupe courte

Dernière mise à jour : 24 nov. 2022

La toute première fois que j’ai pensé à me couper les cheveux courts, j’avais 17 ans. J’étais encore adolescente, et comme une majorité des gens de mon âge, je n’arrivais pas à prendre de décision seule.


Ça se manifestait par des questions incessantes de ma part envers mes proches. Autour de moi, je voyais bien que personne n’était vraiment convaincu par ma nouvelle envie capillaire. Les doutes de mon entourage réveillaient les miens, alors à force, j’ai juste arrêté d’y penser.

Je n’arrivais pas à gérer mes cheveux pour autant. Ils étaient lâchés les jours qui suivaient mon wash-and-go, attachés en queue de cheval ou en chignon la plupart du temps. Sans compter que je leur avais fait subir deux waves qui s’étaient finis de manière catastrophique. Il y avait du volume sur le haut, beaucoup moins en bas. Le moins cher était encore de les laisser pousser, mais même comme ça, je n’arrivais pas à savoir quoi en faire.

Couper les pointes dénaturées? Raser? Les laisser pousser? Ou avoir une coupe courte? C’était un supplice de s’en occuper, et mon reflet ne me convenait pas.

J’avais également parlé de mon envie d’avoir les cheveux courts à ma mère...


Il faut savoir que dans ma culture, les cheveux longs d’une femme sont représentatifs de sa beauté. Pour ma mère, encore plus. Elle avait eu la chance d’avoir deux filles qui, depuis petite, portaient des cheveux plutôt longs, plutôt en bonne santé (du moins avant mes waves pour ma part), et tout cela était une source de satisfaction pour elle.

Imaginez vous sa réaction quand j’ai émis l’idée de tout couper… Elle me disait que dans notre pays, les seules femmes qui portaient leurs cheveux courts étaient celles qui n’avaient pas le temps de prendre soin d’elles.


Entre mon âge, mon manque de confiance, et le regard que l'on pourrait porter sur moi, je n’arrivais pas à savoir ce que je voulais vraiment.

Puis j’ai fait un stage qui s’est révélé être la pire expérience de ma vie, au point de compter les jours avant de voir son terme arriver (365 jours en tout). L’un des rares points positifs que j’en ai retiré a été mon envie de vivre davantage pour moi. C’est comme ça que je me suis retrouvée à organiser un mois à l’étranger.


Un mois pour moi toute seule.

Avant de partir, j’avais fait des recherches quant aux salons qui pourraient s’occuper de mon cas. Je savais où aller, à qui m’adresser, et j’étais enfin sereine. C’était tout couper pour que mon visage me ressemble enfin.


J’ai sauté le pas le 5 septembre 2017, à Toronto.


Cette nouvelle longueur m’a permis de découvrir mon visage avec un centimètre de cheveux sur la tête. J’ai pu me faire ma propre opinion sur le résultat avant d’avoir à écouter celui de tout un chacun. J’aimais TELLEMENT ! C’était beau, simple de s’en occuper aussi.


Ne plus être obnubilée par le fait que ma longueur ne me correspondait pas m’a permis de trouver enfin le type de vêtements que j’aimais porter, les boucles d’oreilles qui m’allaient le mieux. Et je suis heureuse de me dire que ce que je vois dans le miroir correspond à ce que je sais de moi. Tout cela changera probablement avec le temps, mais là, maintenant, à l’instant T, je me ressemble, et je me trouve belle.


Quand mon père est venu me chercher à l’aéroport, il a explosé de rire : « Ta mère va te tuer !». C’est vrai que deux ans plus tard, ma mère est l’une des rares à avoir encore du mal à s’y faire.


En ce moment, ma nouvelle lubie est de tout raser. Je lui en ai parlé en rigolant. Elle m’a répondu que dans notre pays, les seules femmes qui ont les cheveux tondus sont celles qui ont perdu leur mari.


- YH -

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